MAL À GAUCHE
Chacun de nous se trouve devant un choix, lequel est en fait un dilemme : soit on est progressiste, mais il ne faut pas voir ce qu’on voit ni entendre ce qu’on entend ; soit on tient à voir ce qu’on voit et à entendre ce qu’on entend, mais alors on est fasciste. « Progressiste- » : le plus gratifiant ; « fasciste » le plus infamant.
Qui n’aurait envie d’être progressiste ? Mais le prix à payer est exorbitant puisqu’il faut accepter d’être aveugle et sourd. Qui peut se résoudre à nier ce que ses yeux voient et ce que ses oreilles entendent ? Mais alors le prix à payer est tout aussi exorbitant puisqu’on se trouve rejeté dans la communauté maudite.
Mais au fait, ‘maudite’, si c’est un adjectif, c’est parce qu’il s’agit d’un participe passé adjectivé, lequel participe est en fait un passif ; or tout passif a un agent ; en l’occurrence, cet agent, quel est-il ? Autrement dit, si une communauté est maudite, elle l’est par qui ? Qui, dans le paysage politico-médiatico-intellectuel français actuel, détient, plus même que le droit – ce qui serait déjà énorme – mais bel et bien le Pouvoir – ce qui est cette fois ahurissant – de criminaliser une communauté, de la mettre au ban, donc de la maudire ou de la frapper d’une indignité irrémédiable autant qu’indiscutée ? La réponse ne fait pas de doute : la gauche. Écrivons plutôt la « gauche » en prenant toutes les précautions qui s’imposent et toutes les distances nécessaires.
Gauche, vraiment ?
Car enfin, est-ce que “gauche” et “ostracisme” sont deux notions compatibles ? Est-ce que la gauche n’est pas justement le parti de l’ouverture, de la tolérance donc de l’inclusion ? Ouverture, tolérance, inclusion, ce sont là trois « valeurs » que la « gauche » revendique, claironne, et au plus haut et toujours au plus fort, et avec tous ses tambours médiatiques et toutes ses trompettes marketing – mais c’est cette même « gauche » qui, avec la complicité d’une droite et d’un centre qu’elle tétanise au moyen de l’accusation toujours prête de « fasciste », pratique la discrimination à haute dose et même à une échelle certainement jamais vue jusqu’ici. Cette discrimination porte le titre, sur son côté positif, d’ « arc républicain » et, sur son côté négatif, de « cordon sanitaire ».
Cet arc républicain exclut et ce cordon sanitaire isole le RN et les quelques partis satellites classés, c’est-à-dire rejetés, à l’extrême-droite. Adoptons une attitude que la « gauche » ignore, à savoir mettons de côté les élus de ces partis pour ne considérer que leurs électeurs ; il se trouve que leur sociologie est parlante : cet électorat est constitué dans sa grande majorité par les classes populaires. Or la « gauche », historiquement parti desdites classes populaires, les rejette dans l’infréquentable sinon les voue aux gémonies parce qu’elles votent massivement pour le RN – onze millions d’électeurs ! La « gauche », au lieu de se demander pourquoi cette masse vote à l’extrême droite, au lieu de s’interroger sur les raisons de ce désamour et les mesures à prendre d’urgence contre ce désastre – cette gauche donc, elle qui se proclame inclusive et rassembleuse, réussit l’exploit – vertige du paradoxe ! – de rejoindre un pays comme l’Inde traditionnelle en faisant de onze millions d’électeurs une immense caste d’ « intouchables ». Et dans ce registre, elle ne craint pas d’en rajouter ! Ne voyant comme à son habitude que les élus et ignorant les électeurs, elle invente ou reprend à son compte le calembour canarenchainesque « R-Haine » – comme si onze millions de Français pouvaient n’être que haine, comme si ces masses populaires n’étaient pas en fait, dans leur vote, mues par le seul désespoir ! Ce n’est pas tout ! Cette gauche atteint des sommets d’élégance lorsqu’après l’entrée au Parlement de 89 élus RN en 2022, les croisant dans les couloirs de l’Assemblée nationale, les élus LFI entre autres affectaient de se pincer le nez – comme si on faisait de la politique avec « Casse-toi, tu pues ! », comme si on pouvait être dans le Politique en pratiquant un geste qui relève de l’insulte !
Pour qui se sent viscéralement et se veut essentiellement de gauche, innombrables sont les griefs qu’il peut nourrir à l’égard de ce qui se dit de « gauche » aujourd’hui.
La gauche Jean-Paul. — Sur le plan historique, il est fort éclairant d’en revenir à l’opposition, dans les années 50, entre deux gauches : celle de Sartre et celle de Camus. Sartre, grand bourgeois qui cherchait à se le faire pardonner en adoptant la posture révolutionnaire voire insurrectionnelle ; Camus, homme du peuple qui recherchait les compromis et les conciliations. Sartre qui a été, entre (beaucoup et d’abominables) autres, stalinien, pro-OAS, enthousiaste de la révolution islamiste iranienne en 1979 ; Camus qui ne recherchait que la ligne morale la plus nette. Sartre qui éructait « Tout anti-communiste est un chien » ; Camus qui déclarait « Si la vérité était à droite, je serais à droite ». Sartre qui appelait au meurtre ; Camus qui ne demandait que la justice. Sartre et la gauche dogmatique et idéologique ; Camus et la gauche tout simplement éthique – ou, pour le dire plaisamment, un Sartre complètement à l’Ouest et un Camus qui ne perd jamais son Nord. Il se trouve que la gauche actuelle est très nettement sartrienne, héritière de cette gauche qui, dans les années 70/80, avait épousé la cause des Brigades rouges et de la Bande à Baader, et qui aujourd’hui, dans la même lignée et avec les encouragements sinon les bénédictions d’un J.-L. Mélenchon, fait les yeux doux aux « antifas » et à tous les casseurs qui polluent les manifestations organisées en faveur des causes les plus justes (les méga-bassines surnuméraires ou les autoroutes pléonasmiques, etc.).
La gauche Privilège. – Sur le constat que le « cordon sanitaire » est tendu autour du grand parti d’extrême-droite ; sur le constat également que d’une part ce cordon sanitaire n’est dénoncé ni par la droite ni par la macronie, et d’autre part que ce cordon est inimaginable autour de LFI bien que ce parti soit jugé au moins aussi défavorablement que le RN par la grande majorité des Français – sur ce double constat donc, il est bien clair que ce qui s’impose dans tout le paysage politico-médiatico-intellectuel français, c’est le magistère moral de la gauche. Dès lors s’explique parfaitement que, lorsque les « extrêmes » se livrent aux violences, celles de droite sont immédiatement condamnées, insultées, invectivées, pourfendues, vilipendées, vitupérées, et à grands cris et à grands gestes, par toute la bien-pensance de gauche, alors que celles de gauche sont, par la même caste, excusées, expliquées, justifiées, atténuées, disculpées voire innocentées et avec force arguties si ce n’est par un recours agressif à l’apologie. Autrement dit, le magistère moral de la gauche distingue entre une mauvaise violence et une bonne violence, entre une violence inadmissible et une violence légitime !!! La gauche, unilatéralement, sûre de sa « morale », s’arroge le Privilège de cette dernière – ce qui est et reste furieusement sartrien : « Casser et même tuer, pourquoi pas si c’est pour la bonne cause »…
La gauche anti-Politique. — Dans le prolongement de la confiscation du Privilège, cette gauche, qui se jetterait, en l’occurrence à juste titre sinon très légalement, sur les quelques abrutis qui s’amusent à « casser du pédé », ne voit aucun inconvénient ou si peu à ce que certains individus appartenant aux minorités qu’elle chérit tant aillent « casser du blanc » et peut-être encore moins à ce que certains de ses militants aillent « casser du flic » ou qu’ils en soient encore à « CRS-SS ! », parce qu’il est bien entendu que l’ennemi, c’est l’État, l’État qui n’en finit pas à ses yeux d’être sexiste, raciste, colonialiste – et, pour faire bonne mesure, islamophobe (sans oublier tout le reste). Autrement dit, cette « gauche » confirme à chaque instant renier le Politique, ou l’intérêt général, au profit de combats en faveur des intérêts particuliers des susdites minorités, attitude qui relève très nettement du Religieux puisqu’il consiste à céder au Désir de quelques-uns. C’est en quoi cette « gauche » est anti-République, se plaisant à promouvoir à la place non pas véritablement un Système unique et totalitaire (option fasciste ou stalinienne) mais une juxtaposition de communautés dont chacune serait un petit Système qui ignorerait les lois de la République valant pour tous au profit d’Injonctions valant pour ses seuls membres – et communautés qui, de fait, seraient au mieux mutuellement étanches et au pire inexpiablement Rivales. Cette « gauche » anti-État, anti-Politique et anti-République, est aussi très sensiblement anti-Nation, donc anti-France. Si on voit bien ce qu’en penserait un homme de droite comme le général de Gaulle, on se demande ce qu’en auraient pensé de grands hommes de gauche comme Jean Jaurès ou Léon Blum…
La gauche Fouquier-Tinville. — Dans le prolongement de la confiscation du Privilège toujours, cette gauche est tellement sûre de détenir la vérité qu’elle la confisque également et qu’elle en fait un autre Privilège, tout comme elle s’arroge le monopole de la vertu : « Nous, on peut cogner puisqu’on est de gauche ; nous, on ne peut pas errer puisqu’on est la gauche ». Dès lors, dès que se fait entendre un discours qui ne cadre pas avec son idéologie, il lui faut le faire taire, décrétant que ce qui la contredit ou la dément est anti-progressiste, illégitime, scandaleux, criminel – fasciste ! Mais comment s’y prendre ? La gauche, la vraie, au service du Politique, adopterait l’attitude démocratique consistant à s’en remettre au peuple : « Nous, voilà notre point de vue ; eux, voilà leur analyse : exprimez votre choix par votre vote » étant bien entendu que le résultat des urnes serait scrupuleusement respecté. Mais la « gauche » ayant délaissé voire renié le peuple, quel recours lui reste-t-il ? Un seul, qui porte un nom, lequel est un programme : Robespierre – l’Incorruptible et tous ses « accusateurs publics ». C’est ainsi que s’érigent partout ces personnages tout puissants pratiquant une dénonciation qui dérape souvent dans la délation, ou pratiquant une investigation qui dérape souvent dans l’inquisition, pour livrer à la vindicte non pas populaire mais gauchiste tous les déviants, contrevenants et autres pervers qui manquent à la vertu de gauche sur tous les modes et à tous bouts de mots – attitude qui se prolonge sur le mode quasi stalinien des procès de Moscou par le recours massif et maniaque aux tribunaux. Cette « gauche » se caractérise également par une judiciarisation quasi systématique de toutes les causes et de la vie politique en général – instrumentalisation du droit au profit de l’idéologie. Bref, au lieu du peuple, le juge – d’où l’émergence de cette « République des Juges » aujourd’hui si prégnante car bien sûr les Juges ne pouvaient pas manquer de se saisir d’un Pouvoir qui leur est si complaisamment offert – et on voit bien dans quel sens ils vont toujours, ou au moins trop souvent. C’est ainsi que Marine Le Pen, condamnée fort logiquement pour détournements de fonds publics, et tout à fait légitimement par les Juges, se voit également frappée d’inéligibilité mais cette fois illégitimement par les Juges puisque cette condamnation aurait dû logiquement être l’affaire du peuple.
La gauche brouillard. — Cette « gauche » toujours prête à intenter un procès, à traîner en justice et à assigner devant les tribunaux, cette « gauche » qui traque le mot qui pourrait constituer la moindre offense ou causer la moindre blessure, ne laisse pas en même temps d’être fort peu regardante sur certains mots, et de les employer autant qu’elle peut pour accuser, confondre, disqualifier, condamner, d’en faire un usage pléthorique et systématique au point de les vider de leur sens, de n’en faire plus qu’un flou rouge ou un brouillard noir, avec tous les dangers majeurs que comporte ce genre de procédé. C’est le cas, par exemple, de deux mots qui lui sont sans cesse à la bouche, l’un qui constitue en quelque sorte son fonds de commerce – fascisme – et l’autre qui lui est fourni par l’actualité – génocide.
Fascisme. — Il est tout fait symptomatique que la « gauche » fasse résonner ce mot à longueurs de diatribe et à chaque ligne de pamphlet sans jamais le définir, en préciser le contenu ou en indiquer la teneur ni l’acception. Dans l’article précédent, consacré au livre de Pierre Tévanian et où le mot ‘fascisme’ se trouve parfois trois fois par page sans que jamais soit indiqué ce qu’il recouvre, j’ai rassemblé trois définitions, lesquelles font bien apparaître que « fascisme » suppose une dictature, un parti unique avec interdiction des autres, un État policier, une police des mœurs et de la pensée, l’incarcération ou l’élimination des dissidents : on attend toujours que la « gauche » administre la preuve, chaque fois qu’elle lance cette invective, laquelle vaut condamnation sans appel, que l’un au moins des aspects du fascisme est en effet repérable dans le phénomène concerné ou chez la personne mise en cause.
Génocide. — L’accusation surgit ici à propos de la situation qui s’est instaurée à Gaza au lendemain du 7 octobre 2023. Chaque jour, à chaque heure, des dizaines de palestiniens, entassés dans cette étroite bande côtière, meurent sous les bombes, missiles et autres rockets tirés par les Israeliens : c’est au vu de cette situation que la « gauche » parle de « génocide du peuple palestinien ». Est-il bien sûr qu’il s’agisse d’un génocide ? Là encore, il faut aller consulter, et d’urgence étant donné la gravité du phénomène, la définition précise du terme : « Extermination totale ou partielle d’un groupe ethnique ou d’un peuple pour des raisons liées au racisme, à la religion, au nationalisme ou à la géopolitique » (Littré). « Un génocide est un crime consistant en l’élimination concrète intentionnelle, totale ou partielle, d’un groupe national, ethnique, ou encore religieux, et ce de manière méthodique, ce qui veut dire que des membres du groupe sont tués, brisés mentalement et physiquement, ou rendus incapables de procréer, en vue de rendre difficile ou impossible la vie du groupe ainsi réduit. Le génocide peut être perpétré par divers moyens, le plus répandu et le plus évident étant le meurtre collectif » (Wikipédia). Est-ce bien ce qui se passe à Gaza ? Sans doute des raisons nationalistes ou religieuses sont-elles impliquées dans les massacres mais s’agit-il de l’éradication systématique d’un peuple équivalant aux exemples historiques que sont celui des Arméniens par les Turcs, des Juifs par les Nazis et des Tutsis par les Hutus ? Ce qui apparaît plutôt, c’est la stratégie de Netanyahou qui, sous couleur d’éliminer le Hamas, en fait pour prolonger une guerre à laquelle il doit de rester au Pouvoir et à l’abri des poursuites judiciaires dont il fait l’objet, bombarde continuellement la bande de Gaza sans aucun égard pour les populations palestiniennes civiles forcément nombreuses autour des cibles. Il ne s’agit pas d’effacer le peuple palestinien de la surface du globe ; si c’était le cas, il faudrait également bombarder la Cisjordanie où se trouve la plus grande partie de la communauté palestinienne, ce dont Netanyahou se garderait bien puisqu’il décimerait en même temps ses propres colonies. Des vies civiles palestiniennes sacrifiées par dizaines, par centaines, par milliers, par dizaines de milliers, par un ministre israelien à sa propre survie politique, oui : un génocide non.
“Fascisme” ou “génocide” – mais également “racisme”, “sexisme”, “xéno”- ou “islamophobie”, de même que “droite” et “extrême-droite” – la « gauche » ne recule pas d’user et d’abuser de ces termes, afin de se donner bon teint et de se rehausser la vertu. En fait, elle ne parvient ainsi qu’à vider les mots de leur sens au risque, si les phénomènes concernés surgissaient quelque part, de n’être plus identifiés.
La gauche ni-ni. — Pour cette « gauche », le wokisme et l’islamo-gauchisme n’existent pas, cette double négation étant énoncée selon les cas avec une sérénité écrasante ou un agacement soupçonneux, et toutes les nuances qu’on voudra entre les deux attitudes ou dans leurs au-delà. Les arguments avancés sont au choix que les intéressés ne revendiquent pas le titre (comme s’il était, habituel que les cons revendiquent de l’être !) ou que le terme est vide de sens puisque le concept n’a aucune valeur scientifique (comme si la relativité par exemple n’était pas à l’œuvre dans le monde avant qu’Einstein ne la mette en équation !) En dépit des livres et des études qui rendent compte abondamment des deux phénomènes ; en dépit de leurs manifestations parfois spectaculaires en divers lieux et en moult circonstances ; en dépit de rapports officiels qui en pointent les dangers et en dénombrent les méfaits, la « gauche » maintient sa double dénégation. L’argument probatoire le plus commode consiste à dénoncer là des fantasmes d’extrême-droite voire des discours diffamatoires. Mais il y a plus subtil. Quant au wokisme par exemple, la tactique consiste entre autres à refuser de lire les ouvrages ou les articles qui le décrivent et l’analysent pour affirmer qu’il n’y a rien à voir : c’est un peu comme s’il suffisait de ne pas lire la Bible pour affirmer que le judéo-christianisme n’a jamais eu aucune réalité historique. La tactique peut aussi consister, face à une affiche consternante du planning familial (la femme à barbe et l’homme enceint) ou devant une manifestation évidente (par exemple l’incident survenu à l’Université de Lyon ce printemps), à dire qu’il ne s’agit là que d’un épiphénomène ou d’un fait divers dénué de toute signification : c’est un peu comme si, devant une fleur de lotus, on disait qu’il s’agit d’un bel accident voire d’une aberration jolie mais que le système végétatif n’a aucune réalité biologique.
Il est bien évident que la seule et vraie question n’est pas « Le wokisme et l’islamo-gauchisme existent-ils ? » mais « Pourquoi la pseudo-gauche s’obstine-t-elle à en nier l’existence ? » À cette question, l’article précédent a proposé une réponse, celle qui s’impose dans le cadre de l’AO, réponse qui vaut ce qu’elle vaut mais dont on ne voit pas une seule bonne raison pour qu’elle n’ait pas au moins le droit de figurer au nombre des hypothèses de travail. Pour cette « gauche » qui ne l’est jamais tant qu’en dénonçant le fascisme, qui n’est jamais aussi sainte qu’en voyant pointer partout le bout de la queue de son Antéchrist, il est forcément inconfortable si ce n’est inadmissible de constater, dans ces deux mouvements nourris par les minorités composant sa clientèle électorale, des traits sensiblement fascistoïdes : la police des mœurs pour le Wokisme, la police de la pensée pour l’islamisme (et vice et versa). Dès lors, comment s’en tirer ? Pour effacer le fascisme là où il est, il faut le voir là où il n’est pas (jusqu’à l’hallucination) et dénier toute réalité politique et sociale aux mouvements qui le manifestent trop crûment (jusqu’à l’absurdité).
La gauche Lohengrin. — Sans doute cet aspect ramasse-t-il tous les autres. Introuvable aujourd’hui la gauche humble et ardente, la gauche populaire et dévouée, la gauche fraternelle et engagée, la gauche qui a ressurgi un instant sur les ronds-points des Gilets jaunes mais que la « gauche » s’est empressée de distraire et d’invalider. Car la « gauche » ne connaît plus ni le Grand Soir ni le petit matin, elle tait son Staline mais elle brandit la victime, elle n’a plus de goulags mais elle pratique ses coteries, elle n’a plus de vision mais elle agite ses bonnes causes. La « gauche »est devenue le clan de la vertu et la secte du moralisme, elle est le Sauveur et le Saint-Georges, elle pourfend le dragon fasciste et elle embroche l’hydre réac, elle est la « gauche-heureusement-que-je-suis-là ! » et la « gauche-chevalier-blanc ». Or, l’Histoire ne l’a que trop montré, chaque fois qu’un zig ou qu’une clique se prend pour Lohengrin, le chevalier au plumage blanc comme cygne, ce n’est plus du souci qu’il faut commencer à se faire, c’est un mauvais coton qu’on commence à nous filer…
On m’avait promis, pour les articles de ce blog et pour l’AO en général, l’hostilité voire la vindicte de l’extrême-droite, au point que je doive demander l’asile politique à l’étranger sinon m’attendre à être décapité. Je suis bien persuadé que c’est à la « gauche », si elle parvenait au Pouvoir, que je pourrais devoir ces divers traitements. En effet, il est bien entendu que pour elle comme dans le cadre de l’Union européenne et de la CEDH, quand je dis qu’un homme ne peut pas être enceint et qu’une certaine partie de la gauche relaie des discours antisémites, c’est-à-dire quand j’use de ma liberté d’expression en exposant mon opinion, je tiens des propos qui, parce que s’inscrivant en faux contre le discours de la « gauche » ou progressiste, sont considérés comme haineux. Dès lors, je suis susceptible d’être traîné devant les tribunaux voire d’être exécuté. Voilà ce que je dois à la « gauche », cette gauche qui a oublié l’Autorité pour devenir un Pouvoir, et ce avec une bonne conscience vindicative et fielleuse. Je n’ai aucun doute sur le fait que ce n’est là, en aucune façon, ma gauche.
Qui me la rendra ?